Si l’année 2021 a été particulièrement riche, 2022 devrait l’être encore plus avec déjà, pour le seul mois de janvier, 6 lancements américains (sur les 8 lancements mondiaux) et 212 satellites lancés. Cette année sera également marquée par les premiers vols opérationnels de 7 nouveaux lanceurs dont le Space Launch System (SLS) développé par la NASA pour la mission Artemis-1 à destination de l’orbite lunaire, et 3 lanceurs lourds du secteur privé : Starship (SpaceX), New Glenn (Blue Origin), Vulcan Centaur (ULA). Trois lanceurs légers devraient également réaliser leur premier vol en 2022 : Alpha (Firefly Aerospace), RS1 (ABL Space), Terran 1 (Relativity Space).
« En 2021, les États-Unis ont effectué 51 lancements orbitaux, soit 35% du total mondial (135 lancements réussis), en deuxième position derrière la Chine (56). Ces 51 lancements ont permis aux Américains de lancer 1 348 satellites (contre 115 pour la Chine selon les données publiques), dont 85% à destination de l’orbite basse et 75% pour la constellation Starlink de SpaceX (1 029 satellites), résumele Bureau du CNES près l’Ambassade de France aux Etats-Unis dans une récente note (1) sur les lancements orbitaux américains en 2021. Pas moins de « 74 satellites ont été déployés au profit d’entités étrangères (dont un français). A l’inverse, seules 5 charges utiles américaines ont été lancées par des lanceurs étrangers, dont trois depuis la Guyane française. Le nombre de lancements américains devrait encore s’accroître en 2022 avec l’arrivée de 7 nouveaux lanceurs prévus cette année, le déploiement de nouvelles constellations et le développement du vol habité », indique la note du CNES.
« Le parc américain compte aujourd’hui 13 lanceurs opérationnels, dont 10 ont été utilisés en 2021. Parmi eux, le Falcon 9 de SpaceX reste prédominant et compte pour 60% des lancements américains avec 31 vols réussis en 2021. Certes, SpaceX bénéfice des lancements effectués au profit de la constellation Stalink d’Elon Musk mais il n’empêche qu’avec ces missions il est parvenu à industrialiser la récupération du premier étage de son lanceur et donc à abaisser les coûts de lancements pour le secteur privé. Depuis le 1er janvier 2022 SpaceX a réalisé 10 lancements du Falcon 9…
On notera également l’arrivée en 2021 du nouveau micro-lanceur Rocket 3 développé par Astra. – 3 lanceurs lourds (20 à 50 t en orbite basse) : Falcon Heavy, Delta IV Heavy et Falcon 9 – 2 lanceurs moyens (2 à 20 t en orbite basse) : Atlas V et Antares – 3 lanceurs légers (500 kg à 2 t en orbite basse) : Minotaur C, Minotaur I et Minotaur IV/V – 4 micro-lanceurs (moins de 500 kg en orbite basse) : Pegasus XL, Electron, Rocket 3, LauncherOne – 1 lanceur suborbital : New Shepard. 16 lanceurs sont actuellement en développement, dont 7 seront réutilisables (3 entièrement). Ces projets, parfois très ambitieux, s’appuient sur des technologies innovantes dont certaines désormais bien établies : matériaux composites, impression 3D, réutilisation: – 4 lanceurs lourds (20 à 50 t en orbite basse) : SpaceX Starship, SLS, Vulcan Centaur, New Glenn – 4 lanceurs moyens (2 à 20 t en orbite basse) : Terran R, Neutron, Beta, Minotaur VI, Falcon 9 Block 5, Electron, Atlas V LauncherOne, Antares Rocket 3, Delta IV Heavy, PegasusXL, Minotaur I, Alpha Minotaur IV. 4 lanceurs légers (500 kg à 2 t en orbite basse) : Alpha, RS1, Terran 1, Laguna. 3 micro-lanceurs (moins de 500 kg en orbite basse) : Daytona, Red Dwarf, Launcher Light – Stoke : les caractéristiques de ce lanceur ne sont pas encore connues mais le projet a déjà levé 74,1 M$ en seed en 2021 ».
Hausse des financements privés dans le spatial. Outre les contrats passés par la NASA et l’US AirForce, « Les financements privés apparaissent également de plus en plus conséquents. En 2021, SpaceX a levé à elle seule plus de 1,5 Md$. Dans le même temps, sept startups n’ayant encore réalisé aucun lancement ont levé plus de 1,3 Md$ : – Relativity Space : 650 M$ en série E – ABL Space : 370 M$ en série B – Firefly Aerospace : 75 M$ en série A et 100 M$ sur le marché secondaire – Stoke Space Technologies : 74,1 M$ en seed et série A – Phantom Space : 26,6 M$ en seed et venture round – Launcher : 11,7 M$ en série A – bluShift Aerospace : 860 k$ en crowdfunding Rocket Lab et Virgin Orbit ont quant à elles choisi de fusionner avec une special purpose acquisition company (SPAC) pour entrer en bourse : – Rocket Lab est entrée au Nasdaq en août 2021 pour un total de 777 M$ – Virgin Orbit est entrée au Nasdaq en décembre 2021 pour un total de 228 M$ (contre 483 M$ initialement estimés pour la transaction) ». Des chiffres qui illustrent la très bonne santé du secteur spatial aux Etats-Unis et la confiance des investisseurs. Souvent critiqué en Europe, Elon Musk a su enthousiasmer et faire rêver les financiers jusqu’alors très éloignés du secteur spatial. Ses folles ambitions ont aujourd’hui des retombées concrètes pour toute la communauté spatiale américaine.
B.L.
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