C’est un coup dur pour les Européens et Arianespace : la Russie menace de suspendre sa coopération avec Arianespace pour le lancement de fusées Soyouz depuis le Centre spatial guyanais et retire son personnel du port spatial en raison des sanctions imposées par l’Union européenne (UE) suite à l’invasion de l’Ukraine par les Russes. Le chef de l’Agence spatiale russe Roscosmos, Dmitry Rogozin, a indiqué sur les réseaux sociaux qu’en « réponse aux sanctions de l’UE contre nos entreprises, Roscosmos suspend la coopération avec les partenaires européens dans l’organisation de lancements spatiaux depuis le cosmodrome de Kourou et retire son personnel technique (…) de la Guyane française ». Il y a 87 citoyens russes en Guyane française. Il s’agit des employés de NPO Lavochkin, qui prépare l’étage supérieur de Fregat-MT, ainsi que de Progress RCC (fabricant des fusées Soyouz) et de TsENKI. Jusqu’à maintenant aucune décision officielle n’a été prise par les autorités russes mais la menace est réelle.
Une fusée Soyouz doit lancer 36 satellites OneWeb le 5 mars depuis Baïkonour. OneWeb est en partie détenue par le gouvernement britannique, qui a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie. D’autres lancements sont prévus cette année pour OneWeb en avril, mai, juin, juillet et août. A ce jour, les fusées Soyouz ont lancé 428 satellites OneWeb depuis la Guyane mais depuis Baïkonour et Vostochny. Le lancement le plus récent de OneWeb a été effectué depuis la Guyane le 10 février dernier. En outre, Arianespace doit lancer avec des Soyuz une paire de satellites de navigation européens Galileo en mars puis deux autres en septembre prochain (source space.skyrocket.de).
Le lancement de fusées Soyouz depuis la Guyane est un programme conjoint de Roscosmos et de l’Agence spatiale européenne (ESA). Il y a eu 27 lancements de Soyouz depuis le Centre spatial guyanais depuis octobre 2011. Arianespace est également associée à la société russe Starsem pour effectuer des lancements commerciaux de fusées Soyouz depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan et depuis le cosmodrome de Vostochny en Russie.
Pour les Européens la suspension de la coopération avec la Russie pour l’exploitation du lanceur Soyuz serait un coup dur. Il ne reste plus que 5 Ariane 5 à lancer, le lanceur Vega C doit effectuer son premier vol cette année (mai) ; un lancement qui pourrait être remis en cause d’autant que le 4è étage de Vega C est fabriqué par une société ukrainienne Ioujnoïe ! Quant à Ariane 6, successeur d’Ariane 5, le vol inaugural est prévu pour la fin de 2022, au mieux… Soyuz est donc un élément indispensable dans l’offre d’Arianespace pour assurer les lancements de satellites commerciaux et institutionnels européens, notamment.