Les avionneurs russes Soukhoï et MiG ainsi que United Aircraft Corporation (UAC) vont fusionner en une seule organisation, ont décidé les autorités russes. L’objectif est de rassembler et de restructurer les forces industrielles de l’aéronautique civile russe en vue de sauvegarder ce qui fut l’un des fleurons de l’industrie russe.
La fusion avec Soukhoï et MiG a été approuvée par le conseil d’administration d’UAC et sera soumise aux actionnaires en janvier prochain. United Aircraft Corporation, qui rassemble les principaux avionneurs civils et militaires russes (Soukhoï, Antonov, Tupolev…), a rejoint en 2018 le giron du conglomérat public Rostec. Ce dernier, qui comprend des centaines d’entreprises, notamment dans le secteur de la défense et de la technologie, se charge depuis des années de moderniser le parc industriel désuet hérité de l’ex-URSS.
Depuis, les fusions et les licenciements se succèdent: en 2019, Soukhoï a fusionné avec un autre avionneur de l’UAC, Irkout, avec des centaines de licenciements à la clé, selon des médias russes. UAC, qui avait jusqu’à présent le rôle d’entité rassemblant simplement des avionneurs, va donc se transformer « en société d’exploitation gérant directement les sites de production et les bureaux d’études ». Soukhoï et MiG sont parmi les principaux avionneurs civils et militaires soviétiques puis russes. Selon UAC, en 2020, Soukhoï a enregistré un bénéfice net en hausse de 26% sur un an à 5,6 milliards de roubles (670 millions d’euros au taux actuel) et un chiffre d’affaires en hausse de 46% à 140 milliards de roubles.
La fusion des avionneurs Soukhoï, MiG et United Aircraft Corporation devrait permettre d’optimiser les processus industriels et les politiques de production dont semble souffrir la filière aéronautique civile russe. Issu de l’ère soviétique, ce secteur porte encore aujourd’hui l’absence de logique industrielle avec des sites de production éclatés aux quatre coins de cet immense pays, des problèmes de ressources humaines et la difficulté de recruter des talents. Les jeunes ingénieurs russes étant beaucoup plus attirés par le monde des start-up que par celui de la construction aéronautique.
Dans les années 2000, la Russie a tenté son grand retour sur le marché des avions civils avec la sortie du SuperJet-100 (premier vol en 2008), un avion conçu par les bureaux d’études de Soukhoï avec le concours des équipementiers européens (Thales, Safran, etc.) et américains. Las, la commercialisation s’est révélée erratique et le service après-vente de Sukhoï n’a pas été au rendez-vous malgré le soutien des équipementiers européens. Aujourd’hui, seulement une grosse centaine de SuperJet-100 serait en service. Principalement dans des pays d’influence russe.
La commercialisation prochaine du MC-21, nouvel avion commercial construit par Irkut, sera un test. Du côté des industriels occidentaux, la déception a été « énorme », pour reprendre l’expression de l’un d’entre eux et le fiasco de ce programme laisse perplexe encore aujourd’hui de nombreux observateurs sur la volonté réelle du gouvernement russe de relancer son industrie aéronautique civile. A moins que Vladimir Poutine décide d’en faire une priorité nationale.