Comme chaque année, les équipes d’AlixPartners ont dressé le bilan des fusions-acquisitions (M&A) dans le secteur aéronautique et défense. Ce bilan souligne que le nombre d’opérations et surtout leur valeur ont fortement diminué en 2020, en lien avec l’impact de la crise sur l’ensemble des acteurs du secteur. Pour autant, la dynamique des opérations est restée significative et s’est reprise depuis la fin de l’année.
Si l’on regarde les chiffres en détail, le nombre d’opérations de M&A comptabilisées dans le secteur ont chuté de 19% en 2020, avec 360 au total, marquant la fin de sept ans de croissance, ce total restant toutefois supérieur à la moyenne des huit dernières années(328). C’est surtout la valeur agrégée des opérations qui a été impactée par la crise(-77%), ainsi que la taille moyenne (-63%).Sans surprise, c’est aux deuxième et troisième trimestres que les fusions-acquisitions ont le plus chuté (-33 % et -25 %), avant de se reprendre en fin d’année (+10% au dernier trimestre).
Si l’on passe au crible les principaux acteurs des opérations de 2020, il est intéressant de remarquer en premier lieu la place toujours majeure des acteurs du Private Equity, impliqués dans 6 des 10 plus grandes transactions de l’année. Par ailleurs, les acteurs qui ont connu le plus rapide redressement de leur activité M&A ont été les entreprises les plus exposées à la commande publique – et donc les moins sensibles au contexte économique –, défense en tête. Et elles ont également représenté la plupart des grandes opérations. Ainsi, la plus grosse transaction a été l’acquisition d’Aerojet Rocketdyne (moteurs de fusées et missiles) par Lockheed Martin pour 5,1 milliards de dollars. Et pour 5 des 6 plus grandes opérations de 2020, la cible acquise était liée à des activités gouvernementales ou de défense.
D’une part, ces fusions et acquisitions dans le secteur de la défense sont soutenues par le développement d’innovations technologiques de pointe. A titre d’exemple la propulsion hypersonique avait fait l’objet de 700M$ d’investissements gouvernementaux en 2019. Et, d’autre part, par la cession (« carve-out »), des activités non-core des gros conglomérats du secteur. Autre tendance notable : l’émergence des SPAC, qui ont représenté près d’un quart des montants levés sur l’ensemble des introductions en bourse en 2020. Ces fonds sont notamment concentrés sur les technologies émergentes comme la mobilité aérienne urbaine, permettant à des sociétés du secteur telles que Wheels Up de faire son entrée en bourse sur une valorisation de 2 Md$, ou récemment à Lilium de fusionner avec Qell Acquisition Corp. en entrant en Bourse sur une valorisation du nouveau groupe de 3, 3 Md$.
Nous pensons que ces tendances vont se poursuivre en 2021 avec une reprise progressive des transactions, malgré les incertitudes les perspectives dans l’aéronautique commerciale et les impacts du Covid sur les sociétés, via une augmentation des mouvements de transformation de la supply chain et de consolidation accompagnée d’une hausse des fusions entre égaux, en particulier sur les segments des aérostructures, de la maintenance et des services aéronautiques, et une poursuite de l’intérêt des investisseurs pour la défense, les équipements, les systèmes et l’électronique et la poursuite des opérations de cessions
Nicolas Beaugrand, AlixPartner

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.