2020 ? Une « année éprouvante » pour les entreprises du secteur aérospatial. Les sociétés françaises des industries aéronautiques civiles, de la défense et de l’espace réunies au sein du GIFAS tablent sur une reprise de l’activité à l’horizon 2022-2023. « Nous nous attendons à une reprise des cadences de production (des avions civils Airbus et Boeing, ndlr) en 2022-2023 », a indiqué aujourd’hui Eric Trappier, président du GIFAS, à l’occasion de la présentation des résultats annuels de la profession. L’an dernier la profession a réalisé un chiffre d’affaires de 59,9 milliards d’euros, en baisse de 28%, les commandes sont elles en très forte baisse à 28,2 milliards (-53%). La profession emploie environ 200.000 personnes mais 8200 emplois ont été supprimés l’an dernier dont 12% dans les PME et 7% dans les ETI et seulement 2,7% dans les grands groupes. En 2020, seuls 6700 recrutements ont été effectués, en baisse de 65% !
Malgré cette baisse de régime la profession mise sur une reprise des cadences de production d’avions commerciaux qui concernera tout d’abord les avions de type A320/B737 en 2023-2024, puis les gros porteurs A350/B787/B777 vers 2026-2027. Toutefois, cette reprise devrait s’effectuer à un rythme relativement lent, voire incertain, du fait de l’instabilité de l’économie et des mauvaises surprises liées à la pandémie de COVID-19 et à ses variantes.
L’inquiétude des grands maîtres d’œuvre est actuellement assez focalisée sur les PME aérospatiales qui ont été fragilisées par la crise et certaines d’entre elles pourraient d’ailleurs ne pas se relever une fois la fin des aides gouvernementales. La chaîne de fournisseurs semble aujourd’hui fragilisée et trop fragmentée. Le GIFAS s’attend en effet à des défaillances d’entreprises (ETI et PME), ce qui pourrait compliquer l’approvisionnement de certaines pièces (civiles, espace et défense) compte tenu de la très forte spécialisation de ces PME. La fragilité de beaucoup de ces petites et très petites entreprises s’explique par leur très forte spécialisation –ce qui en fait aussi leur richesse-, mais qui les rend très vulnérables.
Toutefois, cette situation n’est pas entièrement nouvelle d’autant que certaines d’entre elles étaient déjà dans une situation précaire, moribonde, avant la crise liée à la pandémie. «Si ces entreprises tiennent le coup jusqu’à maintenant, la question est de savoir dans quel état elles seront en sortie de crise et si elles seront encore en mesure d’accélérer au moment de la reprise. Plus celle-ci sera lente et plus cela entamera les ressources des PME. Et lorsque les aides de l’Etat s’arrêteront, il n’y aura d’autre solution que d’aller vers une consolidation pour que la chaîne de fournisseurs soit plus robuste», note Stéphane Albernhe, Président and Managing Partner d’Archery Strategy Consulting.
La reprise du transport aérien mondial reste la condition indispensable pour relancer le secteur. Le trafic aérien commercial mondial est toujours à un niveau inférieur de 30% à son niveau de 2019. Les données à début avril 2021 (comparaisons avec 2019 pour les vols commerciaux) montrent que le trafic aérien est toujours fortement sinistré et en crise. Au niveau mondial les vols sont en baisse de – 30%. Toutefois, on assiste à une légère progression. L’Europe est la région la plus sinistrée avec une baisse de 63,5% des vols. Aux Etats-Unis la baisse des vols est de – 28,1% et le transport aérien domestique est à 91,2% de son niveau avant crise. En Chine, les vols domestiques sont en hausse de + 10%. Le trafic domestique a dépassé son niveau de janvier 2019. Au Moyen-Orient la baisse est de – 40% (vols domestiques) et de -50% (vols internationaux). Alors que les compagnies aériennes américaines ont massivement licencié du personnel l’an dernier, elles réembauchent des pilotes et des PNC à l’instar de United Airlines et de Southwest. C’est un signe, certes faible, mais un signe positif.