Avec sa position géographique aux marches de l’Europe et sur les rives de la mer Noire, la Roumanie est devenue ces dernières années un pays stratégique pour la défense de l’Europe et pour un repositionnement géostratégique des troupes américaines motivé par les incertitudes de l’allié Turc. Les industriels américains et européens de la défense ne s’y sont pas trompés et faisaient la course aux futurs contrats lors de la 7ème édition du salon de défense Black Sea & Defence Aerospace qui a eu lieu du 16 au 18 mai à Bucarest. Le ministre de la défense Roumain a clairement planté le décor dès son discours d’inauguration affirmant « qu’il ne s’agissait pas d’un salon mais plutôt d’un forum où les entreprises étaient invitées à présenter leur offre à la Roumanie » confirmant également que son pays allait investir 2 % du PIB jusqu’à 2026 dans la défense. Une manne bienvenue d’autant que le PIB Roumain est en constante augmentation depuis une dizaine d’années et pourrait représenter sur la période près de 12 milliards de dollars. La feuille de route roumaine est claire : « restaurer son industrie aéronautique et de défense à travers des partenariats stratégiques et être un partenaire privilégié de l’OTAN ». Pour cela, elle a besoin de moderniser ses équipements – 70 % des investissements annuels y seront consacrés, et d’acquérir de nouvelles capacités notamment pour l’interopérabilité (30 % du budget y sera alloué). Après l’annonce d’achat des 36 F-16, c’est la rénovation des flottes C-130 et d’hélicoptères qui est désormais devenue une priorité ainsi que l’acquisition de frégates, de missiles et de moyens de communications.
Dans cette course, l’Europe est un allié stratégique et la France en particulier. La Roumanie est un des premiers contributeurs au fond de défense Européen et la France entend bien faire valoir ses liens historiques initiés par le général De Gaulle pour aider ses industriels à se tailler une bonne part du gâteau. Reste que les Américains à travers l’OTAN restent en embuscade. Preuve en est la présence massive des industriels américains, 55 sur 250 exposants, contre 14 industriels français. Les opportunités sont là, reste à la Roumanie à démontrer quelle zone d’influence elle privilégie entre l’OTAN ou l’Union Européenne et aux industriels à démontrer leur capacité à construire de vrais partenariats pour redynamiser l’industrie de défense roumaine.