C’est le sujet sensible qui taraude les dirigeants de Boeing : quelles pourraient être les conséquences sur les ventes d’avions civils si Donald Trump décide vraiment de surtaxer les importations chinoises d’aluminium, notamment l’acier. Boeing qui prévoit qu’au cours des vingt prochaines années, la Chine aura besoin de 7 240 nouveaux avions ; ce qui en fera le plus gros client de l’avionneur américain dans le domaine des avions commerciaux. Aujourd’hui, plus de 50 % des avions de ligne commerciaux opérant en Chine sont des Boeing. Les ripostes potentielles de la part de Pékin sont nombreuses comme le gèle des achats d’avions commerciaux à l’avionneur américain qui exporte 80% de sa production. La Chine est le marché aéronautique qui croît le plus rapidement au monde et cela rend par conséquent Boeing très vulnérable. En outre, l’avionneur compte beaucoup sur son centre de finition à Zhoushan pour les 737 qui doit être opérationnel cette année.
« Surprise du chef », Le ministère chinois du Commerce a annoncé le 4 avril dernier son intention de prélever des droits de 25 % sur les avions américains pesant entre 15 et 45 tonnes, selon l’agence Bloomberg. Une menace qui, si elle appliquée, ne fera qu’accroître l’inquiétude de dirigeants et des actionnaires de Boeing. « Cette annonce est clairement négative pour Boeing (et sa chaîne d’approvisionnement, en particulier les moteurs CFM en raison de leur position de fournisseur unique sur le modèle B737) car environ 1/4 des livraisons de Boeing sont destinées aux compagnies aériennes chinoises (23,2 % en moyenne sur les 5 dernières années contre 22,1 % chez Airbus) », explique Yan Derocles Aerospace & Airline analyst chez Oddo Securities.
Le gouvernement chinois a toujours plus ou moins utilisé les commandes d’avions pour envoyer des messages politiques, Airbus en sait quelque chose, mais de possibles représailles chinoises impacteraient forcément les résultats de l’avionneur. Enfin, Pékin pourrait retarder le projet de Boeing qui planche sur le lancement d’un nouveau programme sur le créneau des avions de 220 à 260 sièges ou « Middle of the Market » (MoM), couvert par Airbus avec l’A321neo et l’A330-800 neo.
Quoiqu’il en soit, personne, ni même Airbus, n’a intérêt à ce que la situation dégénère à ce point car de représailles en représailles, l’administration Trump est si surprenante _ c’est un euphémisme _, dans le choix de ses décisions que les victimes collatérales pourraient aussi être européennes. Il suffirait d’interdire pour une durée illimitée la vente de produits civils contenant des composants américains. Une décision stupide, qui impacterait la supply chain mondiale du secteur aéronautique, mais tout est possible…