Les faits. L’Inde a lancé lundi dernier, pour la première fois, une nouvelle fusée qui n’utilise que des technologies localement conçues dont un moteur cryotechnique, augmentant ainsi sa capacité de lancement de satellites.
Le lanceur GSLV-MkIII, haut de 43 mètres, a été tiré du pas de tir de Sriharikota, dans le sud-est du pays, l’une des deux bases de lancement de satellites de l’Agence spatiale indienne (ISRO). Le GSLV-MkIII a placé en orbite un satellite de communication de plus de trois tonnes GSAT-19. C’est un peu moins que les satellites de la famille GSAT (3,4 tonnes pour GSAT-17) construits sous la responsabilité de l’Agence spatiale indienne (ISRO) et traditionnellement lancés par Arianespace… La société européenne doit d’ailleurs lancer le 28 juin prochain le satellite GSAT-17 avec une Ariane 5 depuis Kourou (lancement double avec EuropaSat/Hellas Sat-3). Arianespace a dans son carnet de commandes un autre satellite indien, GSAT-11, qui pourrait bien être l’un des derniers lancés par les Européens si le lanceur GSLV-MkIII tient ses promesses.
Décryptage. Le succès des Indiens ne fait donc pas forcément les affaires d’Arianespace qui voit là l’un de ses plus anciens et de ses plus fidèles clients s’émanciper puisque l’Inde sera sous peu en mesure d’envoyer dans
l’espaces des satellites pesant jusqu’à quatre tonnes et rejoint ainsi un club
très fermé de pays. L’Inde dépendait jusqu’ici de lanceurs étrangers pour ses
satellites d’un poids supérieur à 2,5 tonnes. Le programme spatial indien est très ambitieux puisque, outre l’autonomie en termes de lancements (institutionnels et commerciaux), l’Agence spatiale indienne travaille sur un projet de navette réutilisable destinée à placer en orbite des satellites, elle planche également sur des missions vers Jupiter et Vénus.
Hors la perte d’un client traditionnel pour Arianespace, le GSLV-MkIII pourrait se révéler un encombrant concurrent tant pour Ariane 5 que pour la futur Ariane 6 à l’horizon 2020-2022. La cadence de tirs et la fiabilité du GSLV-MkIII seront des éléments déterminants. Tout comme les tarifs de lancements qui seront pratiqués par les Indiens sur le marché commercial. A 60-70 millions de dollars le lancement simple, la concurrence risque d’être très dure pour Ariane 6 qui est plutôt située dans une enveloppe de $80 millions, au mieux. Et c’est sans compter la présence du Falcon 9 de SpaceX ou le futur lanceur New Glenn du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos. L’avenir des lancements commerciaux s’annonce passionnant.