«L’objectif doit être de porter l’effort de défense à 2 % du PIB, ce pourcentage étant le seuil minimal fixé par l’OTAN », insistent les députés Joaquim Pueyo et Yves Fromion dans un récent rapport (*). Les États-membres, à la seule exception du Royaume-Uni, sont aujourd’hui loin d’atteindre ce seuil, y compris pour les pays les plus impliqués en matière de Défense. C’est ainsi que, selon le ministère de la Défense, en 2014, si les États-Unis consacraient 3,4 % de leur PIB à la Défense (hors pensions), ce pourcentage n’atteint que 1,5 % en France et en Pologne et seulement 1,1 % en Allemagne. Au niveau de l’Union, les dépenses consacrées à la Défense ne représentent que 1,2 % du PIB. « Il va sans dire que sans un effort supplémentaire, l’Union européenne ne pourra jouer un rôle majeur sur la scène internationale, ni atteindre les objectifs fixés par la nouvelle stratégie ».
Même si l’année 2015, marquée par les attentats de Paris, la multiplication des crises et la montée générale de l’insécurité internationale, a vu les budgets consacrés à la Défense augmenter dans plusieurs États-membres, notamment en Allemagne, en Pologne et dans les Pays Baltes, il est évident que les États-membres ne pourront pas seuls, indépendamment les uns des autres, mobiliser les sommes considérables qu’exigent les programmes d’armement modernes.
C’est pourquoi la Stratégie devra réaffirmer la nécessité d’une coopération entre les États-membres, à la fois pour identifier les lacunes capacitaires (parmi lesquelles le ravitaillement en vol, les transports intra-théâtre…) et développer leurs capacités respectives selon une programmation cohérente. L’Agence européenne de Défense (AED) aura un rôle majeur à jouer dans la mise en oeuvre de cette politique de renforcement en commun des capacités de Défense de l’Union. Le rôle de l’AED est également important en matière de recherche puisqu’elle est en charge de l’Action préparatoire du futur programme de recherche européen consacré à la Défense et à la sécurité à partir de 2021.
D’une manière générale, 20 % des 2 % de PIB consacrés à la Défense devraient l’être à la recherche et au développement, à la fois pour améliorer l’efficacité des armements mais également pour soutenir l’industrie européenne de Défense. En effet, si le renforcement des capacités de Défense européenne a pour objectif l’autonomie stratégique de l’Union, cette dernière serait réduite à néant si les Européens devaient se fournir à l’étranger – notamment aux États-Unis, faute d’une industrie européenne performante. Préserver les capacités industrielles de l’Union en matière de Défense et de sécurité doit aussi être un objectif mentionné en tant que tel dans la stratégie.
(*)Assemblée nationale. Rapport d’information sur la nouvelle stratégie européenne globale en matière de politique étrangère et de sécurité par Joaquim Pueyo et Yves Fromion.