Vos hélicoptères sont aujourd’hui engagés en OPEX, quels sont les retours d’expérience ?
Je note que là où nos hélicoptères sont engagés, que ce soit sur des terrains de défense ou de sécurité, et ils le sont beaucoup en ce moment, les hélicoptères sont le facteur clé du succès des opérations militaires. Les principales forces armées et de sécurité considèrent qu’elles ne peuvent plus opérer sans soutien, sans appui ou sans capacité des hélicoptères pour des missions d’appui, de combat, de reconnaissance ou de coordination.
Dans le domaine militaire, la guerre devient asymétrique, hybride, avec un besoin de déployer rapidement des forces, des compétences et des moyens sur des zones mal préparées et avec très peu de temps pour réagir. Pour cela, il faut des moyens héliportés capables d’opérer dans un environnement hostile, de jour comme de nuit, et par tous les temps. Pour résumer, être capable de déployer des troupes, de se replier, d’amener des moyens et d’être en soutien des forces terrestres ou aériennes. Le principal enseignement que j’en retire c’est que ce qu’on voyait poindre depuis une décennie ou deux sur les spécifications et les capacités des hélicoptères nous l’avons aujourd’hui en grandeur réelle et tous les retours d’expérience, formels ou non, que nous avons avec nos clients confirment que les matériels que nous avons conçus et développés il y a quelques années sont aujourd’hui non seulement appropriés mais totalement indispensables pour réussir les opérations.
Second enseignement, les conditions d’emplois des moyens sont très exigeantes, en termes d’environnement (météorologie, vols jour/nuit, faibles moyens pour soutenir les machines, etc.) et soumettent les hélicoptères à des contraintes très fortes. Donc, la capacité de l’organisation pour le soutien des machines sur les bases arrière en France ou en Europe est un défi pour les forces et nous avons un rôle à jouer très important dans ce domaine. Des groupes de travail tant en France qu’en Allemagne se sont d’ailleurs mis en place pour plancher sur ces sujets clés. Nous sommes passés d’une époque où les clients étaient très exigeants sur l’acceptation des moyens à une époque où ils sont devenus plus exigeants sur la disponibilité de ces moyens qui doit être très très élevée.
Quelles sont les évolutions demandées par les opérationnels ?
Avec nos clients militaires, la demande d’évolutions techniques est permanente. Je noterai tout d’abord la disponibilité des matériels, loin des bases avec des niveaux de fiabilité très élevés pour une utilisation maximale. Cette nécessité opérationnelle entraîne d’ailleurs une remise en cause de certaines missions au sein des Armées qui s’interroge sur la nécessité de conserver ou non des fonctions de logistique, de maintenance ou de formation de base et de se focaliser uniquement sur leurs missions opérationnelles. C’est une tendance lourde et de plus en plus de clients militaires viennent nous voir pour explorer tout ce qui peut-être sous-traité avec des exigences de performances très élevées.
La chaîne NH-90 de Marignane est-elle menacée, faute de ventes export ?
Nous sommes à la moitié du programme et nous allons gagner d’autres affaires dans l’avenir. Le programme NH-90 n’est pas du tout en souffrance aujourd’hui, c’est au contraire un programme qui est en phase de maturité industrielle. Nous avons livré 290 machines à ce jour sur un total de 540. Le carnet de commandes du NH-90 est donc très important et nous ne sommes pas du tout dans un mode préparatoire d’arrêt de la chaîne NH-90.
Propos recueillis par Bruno Lancesseur. Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans la lettre AeroDefenseNews. Abonnement : aerodefensenews@gmail.com