Comment MBDA évolue dans un environnement contrasté et hyperconcurrentiel

Aller hors d’Europe, exporter et développer les partenariats : telle est la feuille de route fixée par Antoine Bouvier, CEO de MBDA (*). L’Europe ne suffit pas à assurer la taille critique pour une entreprise de défense même pour une entreprise qui à une position de leader sur ce marché. Cette taille critique ne peut s’obtenir qu’en allant hors d’Europe. C’est le mot d’ordre d’Antoine Bouvier depuis qu’il est à la tête du missilier européen MBDA et cette stratégie porte ses fruits. Les développements des activités à l’export et les partenariats avec des acteurs non européens ont permis à MBDA d’enregistrer un très bon niveau, «sans équivalent», des prises de commandes en 2015 (5,2 milliards d’euros). «Cela nous permet d’envisager une croissance de l’activité et de la maintenir par rapport à nos concurrents américains», souligne Antoine Bouvier. Quant à l’Europe, elle ne représente que 20% du marché mondial des missiles, hors Russie et Chine, les Etats-Unis s’accaparant de 40 à 50%, selon les budgets et les engagements militaires américains. «Ce qui signifie qu’il n’y a pas de place en Europe pour deux champions de taille mondiale dans le domaine des missiles», précise Antoine Bouvier, selon lequel «même MBDA qui bénéficie pourtant d’une position solide en Europe n’a pas la taille pour sécuriser ses positions face à ses concurrents européens».

Autre point de la stratégie de MBDA, être présent sur l’ensemble des segments de marché et être toujours à l’écoute de ses clients nationaux (Grande-Bretagne, France, Allemagne et Italie) afin de leur fournir ce qu’ils demandent en termes de capacité missiles. «Il ne doit pas y avoir un domaine où nous n’avons pas une offre correspondant à leurs besoins», insiste Antoine Bouvier.

Un missile franco-britannique pour en remplacer quatre ! Le Sommet franco-britannique qui s’est déroulé à Amiens dernièrement a pris dans le domaine de la défense un certain nombre de décisions majeures qui intéressent particulièrement les activités et la stratégie de MBDA. L’une des ces décisions concerne directement le missilier dans sa composante britannique et française : c’est l’annonce de la signature d’une SoI (Statement of Intent) pour lancer une phase de concept sur le FC/ASW (Future Cruise/Anti Ship Weapon) qui est le successeur franco-britannique commun du Scalp, du Storm Shadow, de l’Exocet et du Harpoon. « Certes, ce programme n’est pas nouveau puisque, déjà, lors du Sommet de Lancaster House de 2010 les deux pays avaient identifié les besoins de la frappe en profondeur, les capacités antinavires de nouvelle génération et le remplacement du Scalp et du Storm Shadow par une coopération franco-britannique, mais depuis 2010 nous n’avions travaillé qu’avec des budgets limités qui ne nous avaient pas permis d’avancer », résume Antoine Bouvier.

Cette phase d’étude devrait durer trois ans à partir de 2017 avec un budget de 100 millions d’euros pour les deux pays afin d’identifier les solutions techniques et la convergence des besoins opérationnels des Français et des Britanniques.

Autre élément clé discuté à Amiens, la volonté politique exprimée des deux pays de poursuivre dans la voie de la spécialisation et de l’organisation de la dépendance mutuelle avec pour la partie MBDA la mise en place de quatre centres d’excellence en 2015 auxquels s’ajouteront deux autres centres cette année au profit de programmes français et britanniques. De plus, fin 2015, la France et la Grande-Bretagne ont signé un Traité, ratifié à Londres et dans quelques semaines à Paris, qui organise dans le périmètre de MBDA cette spécialisation à la fois sur les besoins nationaux des deux pays et sur les règles d’exportation des missiles. «C’est le premier Traité de ce type dans l’Europe de la défense organisant entre deux pays une spécialisation de la base industrielle. C’est un évènement absolument majeur et fondateur pour l’Europe de la défense», insiste Antoine Bouvier.

 

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Bruno Lancesseur est rédacteur en chef la lettre AeroDefenseNews.net Pour nous contacter envoyez votre adresse mail à aerodefensenews@gmail.com
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