Missiles : le Meteor, une nouvelle arme de dissuasion dans le combat aérien

Le Rafale va tout prochainement tirer pour la première fois le nouveau missile air-air européen Meteor de MBDA. Ce premier tir dit « d’intégration » vise à valider le bon déroulement du dialogue entre l’avion et le missile en vol jusqu’à l’atteinte de la cible. Une étape majeure dans le programme Rafale, pour autant qu’un avion de combat vaut par les armements qu’il est capable de mettre en œuvre. Le Meteor n’est pas n’importe quel armement. Développé par les six pays membres de la LoI (Letter of Intent) et qualifié depuis 2013, il fait faire un saut capacitaire radical aux trois avions de combat européens (Rafale, mais aussi Typhoon et Gripen) qu’il armera en leur assurant _ et pour longtemps _, une nette supériorité tactique, y compris sur les avions russes (équipés de missiles AA-12 Alamo) ou américains (dotés du missile AMRAAM) !

L’arrivée du Meteor est un événement car ce nouveau missile pourrait devenir la nouvelle référence en matière de supériorité aérienne. Son succès à l’export semble garanti et d’ores et déjà l’Arabie Saoudite (pour ses Typhoon), les Emirats arabes unis (pour ses futurs Rafale ?) et l’Inde (pour ses Rafale) apparaissent comme des prospects très prometteurs.Le Meteor, une nouvelle arme de dissuasion dans le combat aérien

Cette supériorité, le missile Meteor la doit à un certain nombre de ruptures technologiques. Le Meteor est propulsé par statoréacteur (un type de moteur déjà utilisé sur quelques missiles) mais exploité pour la première fois sur un missile air-air. A la différence des moteurs-fusées classiques, le statoréacteur permet au missile de n’embarquer que son carburant, le comburant étant l’oxygène apporté par l’air prélevé à l’extérieur. A encombrement égal, le statoréacteur fournit donc une quantité d’énergie propulsive beaucoup plus importante, mais quand sa poussée est régulée, comme c’est le cas du Meteor, ce moteur permet de maintenir une vitesse élevée sur toute la trajectoire du missile et de lui fournir une ultime impulsion pour reprendre de l’énergie quand il s’approche de sa cible et ainsi parer les tentatives évasives de celle-ci.

Le Meteor invente la « No Escape Zone ». Ces capacités se résument en un concept, celui de « No Escape Zone » (NEZ), qui dans le cas du Meteor est typiquement de 2,5 à 3 fois supérieure en secteur avant à celle des missiles actuels de cette classe. Si on raisonne en termes de volume d’engagement (et non plus simplement de portée) dans lequel le succès du tir est assuré, il s’agit alors de domaines 20 à 30 fois plus grands. Le fait de disposer d’une large NEZ garantit d’une part un taux de réussite opérationnelle élevé des tirs et offre, d’autre part, un taux de survie élevé à l’avion tireur, l’adversaire se trouvant devant le dilemme suivant : assurer son tir en tirant près de sa propre NEZ et en étant alors sûr d’être atteint par un tir Meteor, ou tirer hors de la NEZ du Meteor mais avec un taux de succès prévisible faible car toute manœuvre post-tir du porteur du Meteor mettra son tir en échec. Des simulations pilotées ont été conduites avec des pilotes des pays participant au programme Meteor, pour quantifier l’apport du missile en situation d’engagement au-delà de la vue directe. Elles ont systématiquement illustré l’avantage décisif que procure le Meteor face aux menaces « dimensionnantes » de la prochaine décennie. Au-delà de la portée et de la NEZ, le Meteor présente toutes les caractéristiques techniques et opérationnelles qui en font la nouvelle référence en matière de supériorité aérienne : insertion dans le réseau opérationnel, transmission de données bidirectionnelle entre les porteurs et les missiles, tir sur informations en provenance d’autres plates-formes que l’avion porteur, traitement des cibles à faible signature et des missiles de croisière.

Mais au-delà, la plus-value du Meteor s’exprime également en :

_ Critères économiques : forte réduction du nombre de missiles utilisés pour détruire une cible, optimisation du nombre des aéronefs et équipages nécessaires pour assurer la couverture aérienne d’une zone donnée ;

_ Critères tactiques et opérationnels : très forte amélioration de la capacité de survie des plates-formes et des équipages dotés de Meteor, réduction de la durée des engagements aériens compte-tenu de la supériorité apportée par le Meteor dès le début de l’engagement, diminution de l’attrition amie tant pour les aéronefs équipés de Meteor que pour ceux bénéficiant de la protection assurée par ce missile. Chacun des 6 pays partenaires a aujourd’hui passé commande de ses missiles de série. La production a débuté il y a déjà plusieurs mois et les mises en service opérationnel vont s’échelonner entre 2015 et 2018 selon les pays. Avec un tel saut qualitatif et capacitaire, le Meteor prouve qu’il n’y a pas de fatalité dans la coopération européenne. Grâce à une direction de programme simplifiée avec un leader étatique clair, le Royaume-Uni, et un leader industriel unique, MBDA, la mise en commun des efforts de plusieurs nations a permis de relever ce qui apparaissait comme un défi technique très risqué, lors de la genèse du programme, il y a une quinzaine d’années. Et pourtant, le programme n’a connu ni retard, ni dépassement de coûts significatifs. Dans la compétition et la lutte d’influence qui oppose les Américains aux Européens, le Meteor est aussi aujourd’hui un atout majeur pour la compétitivité à l’export des avions de combat européens. D’ailleurs, le missile Meteor a déjà enregistré son premier succès à l’export avant même qu’il ne soit en service opérationnel dans un  de ses six pays d’origine.

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A propos aerodefensenews

Bruno Lancesseur est rédacteur en chef la lettre AeroDefenseNews.net Pour nous contacter envoyez votre adresse mail à aerodefensenews@gmail.com
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