Armement : les incohérences de l’administration Obama

La Chronique de Vauban. L’incohérence stratégique du président Obama, résultat explosif d’hésitations et de velléités, a été largement commentée sur les plans diplomatique (se tromper d’alliés et d’objectifs) et stratégique (sans troupes au sol, pas de victoire), mais elle a été peu soulignée dans le domaine de l’armement. Brutalement exposé par les Républicains de Washington : le président Obama mène une guerre avec les armes qu’il a voulues éliminer de l’arsenal du Pentagone…Dégrader puis détruire le potentiel de combat de « l’état islamique » n’est pas possible en effet sans les systèmes d’armes que l’administration américaine voulait définitivement retirer du service actif, parce qu’inutiles… Les premières frappes ont consommé en effet 47 missiles Tomahawk tirés depuis deux bâtiments de l’US Navy : l’Arleigh Burke et le Philippine Sea, appartenant au groupe aéronaval Georges H.W. Bush (on salue l’ironie au passage). Or, ce missile de croisière faisait partie, il y a peu encore (mars), des armes que l’US Navy devait retirer sous la pression de la Maison Blanche. Dans le projet de budget pour l’année fiscale 2015, les commandes de Tomahawk baissaient considérablement : de 194 unités en 2014, elles tombaient à 100, pour devenir nulles en 2016.

La première frappe, suivie d’une autre, a déjà consommé 47% des commandes de l’an prochain…L’incohérence devient encore plus frappante lorsque l’on se souvient qu’en un seul jour, le 19 mars 2011, 112 Tomahawk avaient été lancés en Libye au cours de l’opération Odessey Dawn et qu’au total 220 avaient été tirés sur les forces de Khadafi. L’utilisation pour la première fois du F-22 Raptor au combat est un autre exemple saisissant. Limitée à 187 par le budget 2010, le dernier Raptor (n°4195) a quitté la chaîne de production de Fort Worth le 13 décembre 2011. Citons enfin l’A-10 Warthog, vétéran de la Guerre Froide (entré en service en 1972), il doit être mis à la ferraille par les stratèges d’Obama. Pourtant, si l’on en croit les indiscrétions à Washington, il doit être déployé prochainement dans le Golfe (pour préparer une attaque à terre ou mieux frapper ?)

Ce résumé des incohérences américaines devrait au moins remonter le moral de la France. L’armement déployé (le Rafale avec sa traditionnelle panoplie de bombes, missiles et de réservoirs supplémentaires), même en de très modestes quantités, est parfaitement adapté aux théâtres d’opération les plus variés et ne fait pas l’objet (encore ?) de mise à la retraite anticipée… Espérons qu’Indiens, Emiratis et Qataris s’en souviendront à l’heure des choix… Au final, une leçon : ceux qui font la guerre sont en général ceux qui désarment leurs peu avant ou pendant. L’ancien secrétaire d’état à la Défense, Léon Panetta, parle d’or quand il dit que les coupes budgétaires de M. Obama ont renvoyé l’armée de terre américaine au niveau de 1940, l’US Navy à son plus petit format (230 bâtiments !) depuis 1912 et l’US Air Force à un niveau historiquement le plus bas de toute l’histoire de l’Air Force. Tout ceci, au fond, ne serait pas aussi grave si le président américain n’avait pas décidé de faire la guerre. François Hollande qui lui aussi a entériné la plus grande baisse de nos effectifs et de nos moyens militaires, semble suivre la même voie que la présidence américaine. A quoi servent donc les leçons de l’Histoire ?

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A propos aerodefensenews

Bruno Lancesseur est rédacteur en chef la lettre AeroDefenseNews.net Pour nous contacter envoyez votre adresse mail à aerodefensenews@gmail.com
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