Le Caire signe l’acte de naissance du Rafale à L’export

RafaleEgypte

On voyait le Rafale en Inde, au Qatar, aux Emirats arabes unis, ce sera donc l’Egypte, contre toute attente. Le Rafale a obtenu son premier contrat à l’export, là où personne ne l’attendait ! Le contrat porte sur 24 exemplaires et une frégate multimission Fremm « Normandie », initialement destinée à la Marine française. Montant de l’opération : entre 5 et 6 milliards d’euros. Une somme comprenant également la panoplie de missiles pour les avions et la frégate. Dans cette affaire menée en moins de cinq mois, les Egyptiens ont été proactifs puisque ce sont eux qui sont à l’origine des premiers contacts avec les Français auxquels ils ont fait part de leur volonté d’acquérir des Rafale et des Fremm.

Les Egyptiens étant pressés, la frégate sera prise sur le quota de la Marine française. Au-delà des qualités techniques du Rafale dont l’engagement en Afghanistan et surtout en Lybie ont impressionné les pilotes étrangers, le choix égyptien est également dicté par des considérations politiques et diplomatiques. La France s’est engagée de tout son poids depuis quelques années contre les mouvements djihadistes qui déstabilisent les monarchies du Moyen-Orient et les états africains. A leurs yeux, seuls la France et les Etats-Unis font le « job ». Enfin un autre élément a joué en faveur de l’avion tricolore et il n’est pas négligeable : c’est la mésentente entre le Président égyptien al-Sissi et Barack Obama qui n’et pas avare de critiques sur la politique intérieure du président égyptien.

Ce contrat est vraiment le bienvenu pour les finances publiques et plus précisément pour le financement de la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 qui repose sur la vente de Rafale à l’export. En effet, pour Paris, l’exportation du Rafale est absolument impérative puisque la LPM prévoit que 40 des 66 Rafale produits de 2016 à 2019 soient exportés dont 7 avions dès 2016 !

C’est peu de dire que la pression commençait à monter à Paris alors que la conclusion du contrat avec l’Inde (126 appareils en jeu) tarde principalement à cause de l’exigence des Indiens à obliger Dassault Aviation à endosser la responsabilité industrielle des avions qui seront produit sur place. Depuis le début des discussions, c’est le principal point d’achoppement, et il est de taille, entre les négociateurs indiens et français. D’ailleurs, sur ce point, l’avionneur français est inflexible tant les risques de dérapage industriel et financier du contrat sont importants. Malgré cet obstacle, l’horizon devrait se déboucher en Inde pour le Rafale. Ce pays est toujours en conflit armé avec la Pakistan et New Delhi veut disposer d’une armée de l’Air moderne face à un voisin chinois qui est en plein réarmement.

Or, plus le temps passe, et plus la partie de bras de fer entre les Français et les Indiens jouera en défaveur de ces derniers. Dassault Aviation va avoir beaucoup à faire avec son client égyptien, le Qatar est candidat pour 36 appareils, la Malaisie est un prospect très sérieux, et les discussions avec les Emirats arabes unis sont toujours d’actualité. L’Inde n’est plus un client tout à fait prioritaire pour la France, la pression a quelque peu changé de côté et si New Delhi ne revoit pas ses exigences, le contrat des 126 Rafale pourrait bien n’être qu’un mirage. Il ne resterait plus à New Delhi qu’à se retourner vers son fournisseur préféré, la Russie, avec lequel elle développe un avion de combat de 5ème génération, ou alors d’acquérir quelques lots de Typhoon…

Bruno Lancesseur

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A propos aerodefensenews

Bruno Lancesseur est rédacteur en chef la lettre AeroDefenseNews.net Pour nous contacter envoyez votre adresse mail à aerodefensenews@gmail.com
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