Après avoir été attaqué en France cet été, le secteur de l’aviation d’affaires est enfin sorti de son silence via un courrier envoyé par l’European Business aviation association (EBAA) le 29 septembre dernier à Clément Beaune, Ministre délégué chargé des Transports et dont aerodefensenews.net a pris connaissance. Dans son courrier, l’EBAA rappelle que « l’aviation d’affaires, désignée sous l’appellation trompeuse de « jets privés », fait l’objet d’une couverture médiatique polémique depuis la fin août visant à la réguler, voire à la restreindre ou même l’interdire ». C’est l’étude de Transport & Environnement, qui regroupe des ONG européennes du secteur qui a mis le feu aux poudres et déclenché une polémique durant l’été dernier. Alors que l’aviation d’affaires a progressé de 16 % en trois ans, selon Eurocontrol, l’organisme de surveillance du trafic aérien en Europe, l’étude, expliquait qu’entre 2005 et 2019, les émissions de CO2 des jets privés en Europe ont augmenté de 31 %.
Régulièrement, depuis des décennies, les acteurs de l’aviation d’affaires en France tentent d’expliquer et de démontrer, sans succès, que les avions d’affaires sont avant tout « des outils de travail complémentaires et non concurrents de l’aviation régulière et du TGV. Leur utilisation joue un rôle central en Europe, servant de ligne de vie pour les communautés, pour le transport médical ou comme outil pour aider les entreprises et les représentants des pouvoirs publics à générer un développement économique local ». Malheureusement, le grand public ne retient que les photos publiées dans la presse People, montrant des « célébrités» voyageant dans ces avions bien souvent pour des trajets assez courts comme Le Bourget/Nice/Cannes. Bien que ces vols « People » ne représentent qu’à peine 10% des vols d’avions d’affaires en Europe, le public ne garde en mémoire que le côté « paillettes ». C’est donc assez facile de stigmatiser les utilisateurs d’avions d’affaires. Et c’est oublier que de nombreuses entreprises dont les activités sont aux quatre coins du monde utilises ces appareils sont peu ou mal desservies par les lignes aériennes régulières ou le train.
L’EBAA rappelle pourtant dans son courrier que le secteur de l’aviation d’affaires est également un « contributeur au tourisme – une composante économique clé de plusieurs économies européennes dont la France est le leader incontesté – assurant des emplois hautement qualifiés. Selon l’EBAA, le poids de l’aviation d’affaires en France (données 2021) représente 101.500 emplois directs & indirects, 32,1 Md € de contribution au PNB, 243.189 arrivées/départs d’avions (1er pays en Europe), 488 avions basés en France (dont 343 sous pavillon français), 261 aéroports accueillant des vols d’affaires.
Alors que le gouvernement français a proposé de discuter d’une législation européenne lors de la prochaine réunion informelle des ministres des transports les 20 et 21 octobre, l’EBAA s’inquiète et appelle de ses vœux à «une régulation équilibrée tenant compte de l’utilité économique de ce secteur et de sa contribution réelle aux émissions de CO2 dans le secteur des transports».
L’EBAA souligne que l’industrie européenne de l’aviation d’affaires s’est engagée depuis longtemps à atténuer son impact sur l’environnement, comme le stipule l’engagement de ce secteur sur le changement climatique. Cet engagement définit un plan pour que le secteur atteigne des émissions nettes de carbone nulles d’ici à 2050 en utilisant notamment les meilleures technologies telles que la SAF (carburant durable. L’EBAA redoute des prises de position à l’emporte-pièce alors que les acteurs européens de l’aviation d’affaires affirment être à «la pointe de l’innovation de l’aviation civile et un leader dans la décarbonation du secteur».
B.L.