La guerre en Ukraine met l’Europe de la défense sous pression

La guerre en Ukraine engagée depuis le mois de février dernier a remis à plat la doctrine militaire dans les états-majors et dans les capitales en Europe. L’Allemagne, pour ne prendre que cet exemple si significatif, s’engage à financer des achats d’armes pour 100 milliards d’euros et, révolution !; accepte de livrer des armes à l’Ukraine, pourtant un pays en guerre. Des décisions inimaginables il y a encore quelques mois. Toutefois, sur ces 100 milliards promis aux armées allemandes, une partie non négligeable sera destinée à l’acquisition de matériels américains d’avions de combat américains F-35 (Lockheed Martin), à l’achat d’hélicoptères Chinook CH-47 (Sikorsky) et probablement de systèmes de défense anti-missiles Patriot (Raytheon). L’Allemagne est décidemment un très bon client de l’industrie américaine de défense.

Le réarmement des armées européennes est en marche et la question est de savoir si ces efforts militaires exceptionnels, et historiques, profiteront en grande partie aux industriels américains de la défense et/ou à leurs homologues européens. Quelle part va être réservée à la BITD européenne ? Sans surprise, l’administration américaine saura peser de tout son poids pour influencer les choix en faveur de son industrie de la défense déjà très présente dans les forces armées des pays membres de l’OTAN.

Il est à ce sujet nécessaire de se rafraîchir la mémoire. De passage au salon du Bourget 2019, Ellen Lord, alors Sous-secrétaire à la défense pour l’acquisition et le soutien avait déclaré que les Etats-Unis étaient «très préoccupés » par les dispositions du Fonds européen de défense et de la Coopération structurée permanente (PESCO) relatives aux programmes conjoints de développement de la défense entre les membres de l’Union européenne. « Travailler ensemble est d’une importance capitale. À l’heure actuelle, les entreprises européennes jouissent d’un volume d’affaires énorme aux États-Unis et nous voulons nous assurer que les entreprises américaines ont les mêmes possibilités », avait-t-elle indiqué.

Pour certains, le renforcement de l’Alliance atlantique pourrait se faire au détriment de l’Europe de la défense qui aurait alors bien du mal à survivre face à une OTAN toute puissante. L’enjeu est loin d’être négligeable puisque les risques d’indépendance et de souveraineté technologique pour les Européens. Et puis, on en en revient toujours au même constat, sans politique étrangère commune il n’y aura pas de politique de la défense commune, celle-ci étant aujourd’hui plus ou moins coordonnée par l’OTAN, donc par Washington. Les Américains savent exploiter les points de discorde entre Européens et ils en profitent.

B.L.

Pour aller plus loin, lire l’étude d’AlixPartners : UKRAINE CRISIS AND ITS CONSEQUENCES ON AVIATION, AEROSPACE & DEFENSE INDUSTRY

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A propos aerodefensenews

Bruno Lancesseur est rédacteur en chef la lettre AeroDefenseNews.net Pour nous contacter envoyez votre adresse mail à aerodefensenews@gmail.com
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