Chinois, Russes et Américains se sont lancés dans une course d’endurance, et à couteaux tirés, pour contrôler l’espace, du moins une partie. Cela, aussi bien dans un but de politique intérieure et internationale que militaire. Satellites en tous genres, station spatiale, présence éphémère ou durable sur la Lune, exploration vers Mars, tout est sur la table et les participants aiguisent leurs armes. Depuis quelque temps les ambitions chinoises inquiètent les Etats-Unis qui redoutent une prédominance chinoise dans l’espace d’autant que le président Xi Jinping a fait de l’espace l’une de ses priorités et il faut donc s’attendre à ce que dans les années à venir les initiatives de Pékin dans ce domaine ne cessent de s’accroître. On ignore l’importance du budget spatial chinois mais compte tenu des ambitions de Pékin, on se doute que c’est une priorité politique et que la manne financière suit.
Les Américains sont conscients de ce bras de fer spatial alors que jusqu’à maintenant la compétition avec les Russes se déroulai avec un certain fair-play. Avec les ambitions chinoises, les temps ont changé. « Malheureusement, il ne fait aucun doute que nous sommes à la traîne dans cette nouvelle course à l’espace », a déclaré le sénateur Jerry Moran, Rép-Kansas, lors du 36ème Space Symposium à Colorado Springs (23-26 août). Jerry Moran est notamment coprésident des comités (lobby) de l’aérospatiale et des forces spatiales au Sénat. Une autre sonde est prévue pour aller sur la Lune en 2024. On connaît peu de détails sur le nouvel accord spatial que la Russie et la Chine ont signé en mars mais les deux pays se sont engagés à construire une station internationale de recherche scientifique. Le sénateur du Kansas estime que le rattrapage nécessitera un modèle d’acquisition différent de celui qui a permis aux États-Unis de poser les premiers humains sur la Lune. Jerry Moran assure que les procédures d’acquisition mises en place depuis des décennies par les différentes administrations ne fonctionnent pas -plus-, et qu’il faut se tourner vers les procédures de management et organisationnelles employées dans les entreprises privées américaines.
Manque de souplesse, lourdeurs administrative. Compte tenu des enjeux militaires qui se jouent actuellement dans l’espace les Etats-Unis semblent s’orienter vers une remise à plat des procédures décisionnelles entre les différents organismes en charge de la politique spatiale et le secteur privé. Il s’agit de faire preuve de beaucoup de flexibilité (agilité) dans les processus d’acquisition entre le donneur d’ordre étatique et l’entreprise privée. Une remise à plat d’autant plus nécessaire que le secteur spatial aux Etats-Unis, le New Space, a donné naissance au cours des dernières années à une multitude de petites entreprises toutes plus innovantes les unes que les autres. Certes, tous les projets ne débouchent pas sur des productions mais ce foisonnement d’idées, de projets, d’initiatives ne peut être ignoré par les administrations parfois trop conservatrices. La conclusion de Moran : « Je ne crois pas que nos astronautes, à leur retour sur la Lune, voudront être accueillis par les Chinois et les Russes. Au contraire, nous devrions être là pour les accueillir dès leur arrivée ». « Ce que la Chine et la Russie ont déjà montré, c’est que l’espace est désormais une course. C’est une compétition. C’est un combat. N’oublions pas combien d’argent, de main d’œuvre et de recherche ils dépensent (la Russie et la Chine) mais principalement la Chine, dans l’espace », a déclaré de son côté Christopher Scolese, directeur du National Reconnaissance Office (DNRO). « Nous parlons de capacités de contre-espionnage, d’armes nouvelles et nous ne parlerons même pas encore des cyber-attaques ».
Pour en savoir plus : https://www.spacesymposium.org/agenda/