Annoncé le 9 juin dernier, décliné en 5 points, le plan de relance de Mme Parly, s’il a le mérite d’exister, n’a pas franchement convaincu les milieux de la Défense : ni les militaires pour l’avancée de matériels-clés, ni les industriels pour leurs charges. Plan Airbus plus que Défense, il a surtout l’inconvénient majeur d’être de très loin inférieur au plan de relance de 2009. En effet, dans le cadre du Plan de relance de l’économie (PRE), adopté en 2009 pour limiter les effets de la crise financière sur l’économie française, une part des crédits qui ont été consacrés à l’investissement, notamment public, a bénéficié au ministère de la défense. La situation actuelle est paradoxale : l’analyse comparée entre le plan de relance 2009 avec celui de 2020 fait apparaître un paradoxe surprenant : alors que la crise de 2020 est jugée unanimement plus sévère et durable que celle de 2008, le plan de relance défense associé est très inférieur en volume à celui de 2009 : 833 millions € contre 2,4 milliards €. Et, alors que le plan de 2009 tentait un équilibre entre armées et industriels, celui de 2020 semble très (trop ?) favorable à Airbus, certes très touché, mais pas plus que d’autres sociétés, notamment les sociétés purement défense (Naval group, MBDA, Nexter, Arquus, etc). Le plan de 2009 : la vraie relance de la Défense-Contenu et crédits. « Une convention a été signée en janvier 2009 entre le ministre de la relance et le ministre de la défense pour fixer l’organisation de la gestion du plan, grâce à un comité de pilotage. Celui-ci a décidé du choix des 28 opérations qui ont été retenues et a suivi leur avancement. Parmi ces opérations, six ont bénéficié des 3/4 des crédits et trois n’étaient pas prévues au cours de la Loi de programmation militaire (LPM) en cours (Caracal et Aravis), ou même seulement en fin de LPM suivante (BPC). Certains programmes ont connu une accélération de leur production (Rafale, VBCI, petits véhicules protégés — PVP), une anticipation de commandes (BPC et EDA), ou ont permis d’équiper les opérations extérieures, notamment en Afghanistan. Dans la réalisation du plan, le ministère de la Défense, notamment du fait de son expérience en matière de programmes d’armement et d’achats en urgence, a mieux respecté les délais et consommé les crédits qui lui étaient dévolus que d’autres départements ministériels. Il a pu conduire les opérations dans un climat de confiance avec les industriels soutenus. Un impact a pu être constaté en matière d’emploi, puisque 5 600 emplois équivalents temps pleins ont été identifiés chez les industriels majeurs pour répondre au plan de charge créé par le PRE. Un prolongement a même pu être donné au plan, puisque la fourniture du 3ème BPC à la Marine française a permis à la société DCNS d’obtenir un contrat à l’exportation.
Le ministère a bénéficié de 1 620 M€, dont 1 096 M€ pour l’équipement des forces (Programme budgétaire 146). Ces crédits représentaient 3,39 % des crédits inscrits en loi de finances initiale pour l’ensemble du ministère et 5,23 % de ceux du programme 146. Certains aménagements ont été exécutés car les crédits de paiement consacrés à la réalisation du plan (1 231 M€) étaient supérieurs aux autorisations d’engagements (1 096 M€) : celles-ci ont pu être dégagées sur le programme 146, qui avait quelques disponibilités. Les six opérations les plus importantes ont reçu 725 M€, soit près de 60 % des dotations. Les crédits ouverts ont été intégralement consommés (les derniers début 2011). Si l’on apprécie le montant des dépenses consenties (1 231 M€) et celui des économies attendues (918 M€) du fait de l’anticipation des dépenses sur la LPM et la suivante, le coût budgétaire du PRE est de l’ordre de 300 M€.
Enseignements de l’opération. Le plan de relance a eu un effet intéressant pour le ministère de la défense et sa réalisation a été dans l’ensemble satisfaisante. Il a bénéficié d’une bonne complémentarité entre les structures chargées de son animation et de son déroulement (notamment le comité de pilotage interministériel et la direction générale de l’armement). Pour un tiers des opérations, il a conforté un financement qui aurait été insuffisant (notamment pour le Rafale et le VBCI) et pour les 2/3 restants, il a servi à des opérations nouvelles, utiles notamment pour l’Afghanistan (c’est le cas par exemple de l’Aravis, qui a permis de remplacer l’AMX 10P et dont les utilisateurs sont très satisfaits). L’exigence de rapidité d’exécution a été respectée, mais dans certains cas elle a conduit à ne pas prévoir le maintien en condition opérationnelle des équipements acquis grâce au PRE, alors que ce dernier a un poids financier important dans le futur. Elle a aussi permis de lancer deux opérations, notamment le BPC, qui n’étaient pas prévues dans la LPM 2009-2014 qui débutait. Ce plan confirme l’efficacité des investissements de défense : l’étude de 2017 du Cercle des économistes, également sur données françaises, obtient un multiplicateur de dépense publique sur le PIB de 2 au bout de 10 ans dans la défense. Cela signifie que chaque milliard d’euros investi dans la BITD génère 2 milliards d’activité (PIB) supplémentaire au bout de 10 ans.
Seconde partie publiée le 14 juillet: Défense de la relance : le plan nécessaire pour 2020