L’interdiction des ventes d’armes comportant des composants allemands vers l’Arabie Saoudite décidée par Berlin place tous les partenaires européens de l’Allemagne dans une situation très délicate. C’est déjà le cas du missile Meteor de MBDA, et la question de la livraison de Typhoon à l’Arabie Saoudite est désormais sur la table. Le programme Eurofighter/Typhoon est un programme en coopération multi-pays entre le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne (BAE/Leonardo/Airbus). Pour résumer, l’Allemagne retient en otage une partie de l’industrie aéronautique européenne pour des considérations de politique interne. Outre les livraisons c’est aussi toute la chaîne de fournisseurs qui est impactée dans le cadre des programmes de maintenance de la flotte de Typhoon en Arabie Saoudite.
L’interdiction de livrer des pièces et des équipements comportant des composants allemands (l’Allemagne réalise 30% de la valeur d’un Typhoon) aura des conséquences sur la disponibilité des Typhoon saoudiens. Londres va donc de voir aller demander des explications à Berlin sur ce sujet délicat. Au-delà des aspects diplomatiques, l’impossibilité d’exporter vers l’Arabie Saoudite pose un sérieux problème à BAE Systems pour qui le Royaume représente 14% de son chiffre d’affaires et de 15 à 20% de son EBITA, selon des calculs d’Oddo Securities. C’est loin d’être négligeable d’autant que BAE a (avait ?) bon espoir de livrer un nouveau lot de 48 Typhoon à l’Arabie Saoudite dans le cadre du programme Al Salam 2. Un contrat très compromis aujourd’hui.