1-Faut-il casser l’actuelle LPM, repartir sur une nouvelle LPM ou se donner le temps de la réflexion ?
La Loi de programmation militaire actuelle est une LPM de survie pour laquelle les fonctions essentielles ont été conservées. L’objectif doit être de remuscler cette LPM.
Outre, des efforts dans les domaines de la robotique dans l’armée de Terre et de la furtivité en aéronautique, il est essentiel de soutenir les ambitions technologiques industrielles en favorisant un programme de drones de combat. «Il ne faut pas se voiler la face, c’est une évolution comparable à ce que nous avons connu en 1917 avec le char. Il y a des drones de combat aux Etats-Unis, bientôt en Chine et en Russie. Si nous sommes en dehors de cette filière la France disparaîtra de l’aéronautique militaire», estime un militaire. Concrètement, cela signifie soutenir et accélérer le programme NEURON. Ce qui n’est pas pour plaire aux pilotes de l’armée de l’Air qui voient d’un très mauvais œil l’avènement des avions sans pilote…
2-Où sont les priorités de l’armée de Terre, de l’armée de l’Air et de la Marine?
L’armée de Terre souhaite une redéfinition de ses missions, ainsi que l’accélération des livraisons des matériels dont elle a besoin. La problématique de l’armée de Terre, aujourd’hui, est centrée sur l’accélération du déroulement du programme Scorpion (première livraison en 2018, puis, première unité équipée en 2021) afin d’éviter, notamment, d’entretenir trop longtemps des VAB.
Pour l’armée de l’Air se pose la question de la reprise des livraisons de Rafale… dont la production chez Dassault Aviation est aujourd’hui prioritairement réservée pour des raisons budgétaires aux contrats exports (Egypte, Qatar, Inde et probablement). Aujourd’hui, les livraisons à l’armée de l’Air française sont gelées jusqu’en 2019 avec une reprise des livraisons en 2020, si un nouveau contrat export est signé (Malaisie, Suisse…) il faudrait alors revoir le calendrier de production pour la France. Enfin, le manque de pilotes Rafale est un « vrai » sujet, très sensible, dans l’armée de l’Air. «Il faut revoir la filière de la formation des pilotes de chasse en France», estime un expert.
La Marine a besoin de bâtiments plus modernes pour effectuer les missions très éloignées afin de surveiller les zones d’exclusion économique de la France. Là aussi, inutile de réinventer la LPM ; il faut plutôt accélérer les livraisons de matériels d’autant que de nombreux programmes destinés à la Marine sont déjà en chantier.
Pour la composante spatiale, tout est quasiment sur les rails, reste toutefois la question de savoir si un système de satellite d’alerte est lancé ou non. La question n’est pas tranchée mais certains observateurs pensent que ce sera un élément clé de la dissuasion, à terme.
3-Comment optimiser le Maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels ?
C’est un dossier très très sensible dans les états-majors, au ministère de la Défense et à la Délégation générale pour l’armement. Pourtant, il est source de très importantes économies de fonctionnement. Pour résumer, il s’agit de batailles d’egos, de pré-carrés préservés à tout prix pour, au final, aboutir à une situation peu enviable pour une armée moderne du MCO. Le pire, c’est que la situation n’est pas nouvelle et que depuis plus d’une décennie rien ne bouge, ou à la marge. D’ailleurs, les vrais chiffres de disponibilité de certains matériels aéronautique, comme les hélicoptères Tigre sont tellement bas que c’est quasiment un « secret-défense » (lire à ce sujet les rapports édifiants des parlementaires). La solution ? Très probablement aller vers des partenariats public-privé, à la britannique. Cette idée hérisse les militaires qui avancent l’impact sur les personnels, les mécaniciens, et le coût plus élevé de la solution public-privé. Ce qui est vrai, bien qu’une partie puisse rejoindre les entreprises privées, mais au final, les taux de disponibilité des matériels seraient très probablement plus élevés.
4-La LPM doit-elle prendre en compte la crise migratoire actuelle et celles à venir ?
Dans la mesure où il s’agit d’un Livre blanc sur la défense et la sécurité, cette initiative est prônée par plusieurs députés mais reste la question épineuse du financement du volet sécurité… comme celui des OPEX. Le financement des OPEX sera décidé et tranché à l’Elysée et nulle part ailleurs.
Dans la colonne
F-35. Lockheed-Martin prédit des commandes en Europe
La PDG du groupe Lockheed Martin, Maryllin Hewson, a indiqué récemment qu’elle s’attendait à recevoir prochainement des commandes de F635 de pays alliés des Etats-Unis (Finlande, Belgique, Allemagne ?). Pour le moment, le F-35 est en service dans les forces aériennes de plusieurs pays dont la Grande-Bretagne, Israël, l’Australie, l’Italie, la Norvège alors que le Japon, le Danemark, les Pays-Bas et la Turquie ont aussi passé des commandes. Lockheed Martin, qui a livré sur le trimestre (mars à juin) 14 F-35 aux forces armées américaines portant ce chiffre à 29 depuis le début de l’année, vient de recevoir un contrat de $5,6 milliards pour la livraison de 74 appareils supplémentaires d’ici à 2020. Au total, le programme conclu avec le Pentagone porte sur la livraison de près de 2.500 avions pour un montant de quelque $400 milliards.