Airbus et Boeing face à Trump : un bras de fer stérile

Le conflit commercial mondial déclenché par Donald Trump secoue à la fois Airbus  et Boeing tant la chaîne de fournisseurs aéronautique mondiale est complexe, de la PME aux grands groupes tout le monde travaille pour Airbus et Boeing, sans exclusivité. Ainsi les moteurs produits par General Electric et Safran au sein de leur société commune CFM équipent à la fois les Boeing et les Airbus, même chose pour les fauteuils, les écrans vidéo, les équipements du cockpit, le câblage… La liste des sociétés européennes (en particulier françaises) et américaines travaillant à la fois pour Boeing et Airbus est longue. En France, Boeing a même créé voici une vingtaine d’années le club des sociétés françaises travaillant pour Boeing, la « French Team » ! C’est dire que les liens sont étroits. Mais toute cette belle organisation risque de souffrir car depuis le 12 mars, une surtaxe douanière de 25% s’applique sur les importations aux Etats-Unis d’aluminium et d’acier, principaux matériaux utilisés dans l’aéronautique.

Et l’ensemble des avions et des hélicoptères d’Airbus importés d’Europe doivent eux s’acquitter d’une surtaxe de 10%, qui pourrait monter à 20% à l’issue du sursis de 90 jours annoncé par le président américain le 9 avril dernier. Certes, Airbus dispose d’une usine d’assemblage à Mobile (Alabama), mais l’avionneur européen reste exposé aux droits de douane appliqués au Canada et au Mexique où sont installés beaucoup de sous-traitants aéronautiques. Avec ses lignes d’assemblage réparties entre Toulouse en France, Hambourg en Allemagne, Tianjin en Chine et Mobile aux Etats-Unis, Airbus a plus de flexibilité notamment pour la famille A320 qui représente l’essentiel de ses livraisons (88% en 2024). Et Airbus, dont le carnet de commandes affiche complet jusqu’à la fin de la décennie, pourrait choisir de privilégier les compagnies non-américaines.

Il y a peu de chance qu’Airbus et Boeing sortent indemnes de cette frénésie tarifaire imaginée par Donald Trump pour relocaliser aux Etats-Unis ce qui a été externalisé pour maintenir un certain niveau de compétitivité aux Etats-Unis. Néanmoins, Airbus est exposé au seul marché américain pour ces surtaxes douanières dissuasives alors que Boeing va devoir faire face au mécontentement et aux représailles de nombreux pays. Ainsi la Chine excédée par les déclarations du président américain a ordonné à ses compagnies aériennes de suspendre toute réception d’avions de Boeing.

Les compagnies aériennes chinoises ont commencé à renvoyer des avions Boeing aux États-Unis. Le retour a eu lieu peu après que la Chine a ordonné à ses compagnies aériennes de ne plus prendre de livraisons d’avions Boeing en réponse à l’imposition par les États-Unis de droits de douane de 145 % sur les produits chinois. Trois 737 Max 8 qui étaient initialement en préparation au centre de livraison de Boeing à Zhoushan (Chine) pour deux compagnies aériennes chinoises ont été renvoyés aux Etats-Unis la semaine dernière. Mais ce type de mesures a ses limites. Certes, les compagnies chinoises pourraient se tourner vers les loueurs pour remplacer les B737 et prendre des A320, mais à condition d’avoir les pilotes formés sur Airbus… Quoiqu’il en soit, la Chine a démontré à D.Trump qu’elle ne comptait pas céder à ses décisions outrancières. « Face à la tempête soit comme le roseau plie, mais ne rompt pas ».

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Bruno Lancesseur est rédacteur en chef su site AeroDefenseNews.net Pour nous contacter envoyez votre adresse mail à aerodefensenews@gmail.com
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